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Je ne sais pas demander

Je ne sais pas demander, c'est vrai, je ne sais pas dire, je reste discrète, muette, cachée derrière mes difficultés. Je ne veux pas encombrer avec ma tristesse, mes émotions ou mes malheurs. Je ne veux rien imposer. Ce que j'aime, c'est apporter du bonheur, certainement pas être un poids de plus dans vos vies déjà chargées. Je ne veux pas représenter une contrainte que vous n'auriez pas choisie ou envie d'assumer. Je préfère lire la joie sur vos visages et contribuer à la danse de la liberté, sans trébucher, pour ne pas vous entraîner.


Alors, je prends sur moi.


Toute petite déjà, je vous ai regardé. J'ai vu, ressenti vos difficultés, vos peines et vos douleurs. Votre regard était tourné ailleurs. Vous n'aviez pas l'énergie ou le temps dont j'avais besoin pour vous occuper de moi. Je vous ai regardé vous débattre dans un monde qui me semblait bien trop complexe et souffrant pour moi. Alors « sagement », je me suis détachée de mon besoin de partages, d'affection et de tendresse. Il n'y avait pas vraiment de place pour ma douleur.


J'ai décidé de me débrouiller seule, ne plus avoir besoin de l'autre, ne plus rien demander à personne. Ce piège de l'extrême indépendance construit dans ma toute petite enfance s'est vite refermé sur moi et a conditionné une grande part de mon existence.


En vrai, je me souviens avoir essayé de vous parler. J'ai pu hurler ma douleur en caprices, en maladies, en jeux et parfois même en silences. Mais vous n'avez pas su ou pu l'entendre. Vous vous êtes contenté de me penser autonome, indestructible, parfois même insensible. J'ai fini par me sentir tellement seule, en manque de liens et d'affection, que j'ai préféré fermer la porte de mon monde intérieur pour me protéger. Je n'ai plus autorisé personne à pénétrer mon intime et j'ai fini par devenir une étrangère pour moi-même.


Comme pour me convaincre que j'avais fait le bon choix, j'ai longtemps été attirée par des personnes qui rejetaient ce que j'étais, en particulier ma sensibilité. Comment pouvait-il en être autrement puisque j'étais la première à agir ainsi avec moi-même ? Ainsi, je continuais à faire seule et à prendre sur moi. J'attendais inconsciemment que quelqu'un vienne prendre soin de moi ou sauver ma petite fille intérieure, mais tout mes messages explicites disaient : « je n'ai pas besoin de toi ! ». Je voulais qu'ils ou elles transpercent mes murs protecteurs sans avoir à ouvrir la porte. Je ne me rendais pas compte de mon besoin de réparation. Je me contentais de rejouer mon traumatisme du passé pour pouvoir, peut-être un jour, prendre conscience des limites que je dressais.


Certaines personnes ont vu mes failles, mais pas pour les soigner, juste en profiter. C'est bien dommage, mais c'est ainsi, très peu de gens sont empathes et savent se connecter en conscience au monde de l'autre dans l'intention de lui apporter du meilleur. Mon chemin de vie a plus été d'attiser suffisamment mes failles dans la douleur de la répétition des scénarios souffrants, afin que j'arrive, par moi-même, à les combler d'amour et de bienveillance. Le jour où j'ai pris le temps de libérer mon enfant intérieur de ses croyances limitantes, j'ai pu rétablir avec l'extérieur des relations humaines plus épanouissantes.


Aujourd'hui, je te l'assure, si tu ne sais pas tenir compte de ma sensibilité, tu n'auras plus accès à mon intimité. Aujourd'hui, j'apprends à être, à dire et à affirmer mes besoins. J'apprends aussi à poser mes limites pour pouvoir assumer ma vulnérabilité sans pour autant l'exposer à la maltraitance. La sagesse relationnelle n'était pas de m'effacer pour l'autre mais tout au contraire, de prendre ma juste place parmi les autres.


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